Louis et Raphaëlle Rouhier nous parlent de la vocation chrétienne du mariage.
Nous sommes dans notre 28ème année de mariage et c’est la première fois que cette question m’est posée, la première fois aussi que j’y réfléchis pour de bon ! Le mariage s’est invité dans ma vie de jeune adulte de manière totalement naturelle et je ne l’ai pas vraiment pensé au départ comme la réponse à une vocation particulière. Pour moi à l’époque, l’appel de Dieu concernait les personnes promises à une vie consacrée au sein de communautés religieuses et je ne me sentais donc pas du tout dans la cible. C’est en préparant notre mariage que je me suis rendue compte de la portée tellement spirituelle du mariage chrétien et des multiples dimensions d’une telle vocation.
Vocation d’abord à la joie, avec le rayonnement comme mission première. Le couple ainsi propulsé dans une vocation à être témoins vivants de la joie de Dieu ne peut pas se renfermer sur lui-même. Il a vocation à s’ouvrir aux autres dans la joie partagée. Joie d’expérimenter l’altérité à travers la vie de couple, puis par l’accueil de l’autre : enfants, parents, amis, collègues, étrangers… et reconnaître dans cette altérité le visage de Dieu. C’est pour cela que nous avons prononcé notre engagement dans le mariage devant les autres. Parce que recevoir l’amour de Dieu suppose d’en éclabousser les autres !
Vocation à l’humilité ensuite : accepter de se voir confier quelqu’un à aimer et se laisser aimer en retour. Cela suppose d’accepter que l’autre nous connaisse, c’est-à-dire le laisser voir nos forces et nos fragilités, les interstices dans lesquelles se logent notre humanité.
Vocation enfin à la sainteté : point de mire de toute vocation chrétienne. Être l’instrument de Dieu, le temple qu’Il habite. Aimer l’autre pousse à la sainteté car il n’y a pas d’autre solution que de laisser faire Dieu pour aimer quelqu’un pleinement : le mariage chrétien propose de tendre vers l’amour le plus parfait, l’amour divin. C’est impossible pour un humain ! Il s’agit donc de laisser Dieu aimer l’autre à travers soi. Si le mariage n’était que l’expression de l’amour humain, il ne serait pas utile de se marier à l’église.
Sans Dieu, nous ne pouvons pas être mariés : le mariage chrétien permet de comprendre qu’on ne forme pas un couple mais un « trouple » !