Rendre grâce à quelqu’un veut dire le remercier, reconnaître ses bienfaits. Rendre grâce à Dieu, c’est reconnaître ses dons dans notre vie, son œuvre quotidienne de salut pour nous ou pour les autres. Dans la culture anglo-saxonne, notamment aux États-Unis, il est très fréquent de remercier, d’exprimer son sentiment de gratitude et ce, dès le plus jeune âge. C’est moins le cas en France et dans la culture latine. Dire merci prend parfois plus de temps et demande des efforts considérables. Pourtant, rendre grâce est essentiel.
Rendez grâce en toute circonstance : c’est la volonté de Dieu à votre égard dans le Christ Jésus (1 Th 5, 18). Cette exhortation de saint Paul aux Thessaloniciens reprend l’invitation si fréquente à la louange que nous trouvons dans les psaumes : Je bénirai le Seigneur en tout temps, sa louange sans cesse à mes lèvres (Ps 33, 2).
L’action de grâce est une forme de prière à pratiquer souvent. Elle peut facilement devenir une attitude de cœur, une disposition naturelle, une manière positive de considérer notre vie. Louer signifie manifester, exprimer son admiration, son estime pour quelqu’un. La louange va de pair avec l’action de grâce.
La pratique de l’action de grâce nous aide à passer de spectateur à acteur, de victime à responsable. En effet, il nous arrive parfois de nous plaindre, d’exiger, de revendiquer, de nous enfermer dans l’insatisfaction.
Nous rêvons tous d’une vie sans douleurs et sans combats. Et, lorsque nous sommes touchés par une épreuve, nous avons tendance à chercher quelqu’un à qui faire endosser la responsabilité de notre problème et notre souffrance. Comme si cela allait nous en libérer…
Il est évidemment légitime de revendiquer un droit devant un tribunal ou de demander la réparation d’une injustice grave. Rendre la justice est l’une des fonctions indispensables de notre État mais nous devons savoir nous en tenir à cela. Nous devons apprendre à assumer, de manière responsable et confiante, les situations difficiles de la vie, sans forcément chercher un coupable.
Au lieu de réclamer, de nous plaindre, de revendiquer, la louange et la gratitude nous aident à accueillir avec confiance la vie telle qu’elle se présente, même avec son poids de douleurs et de difficultés. Rendre grâce pour tout le bien de notre existence nous aide aussi à surmonter le moins bon : rendre grâce nous apprend la résilience.
Dans l’Évangile de saint Luc (Lc 17, 11-19), Jésus guérit dix lépreux mais un seul d’entre eux, un Samaritain, revient vers lui pour le remercier et rendre grâce pour cette guérison miraculeuse. Les neuf autres guéris, sûrement enivrés par la joie de leur santé retrouvée, ne pensent même pas à se retourner vers celui qui en est à l’origine. Débarrassés de leur mal, ils se précipitent vers le monde sans même interroger le sens de leur guérison et celui qui la leur a accordé. Ils n’ont pas compris que leur guérison physique était simplement l’invitation que le Seigneur leur adressait à ne pas rester à distance, mais bien à s’approcher de lui pour recevoir la foi et entamer leur chemin de conversion.
Même si les gestes du Seigneur en notre faveur sont moins spectaculaires dans nos vies, nous sommes souvent comme les neuf lépreux. Nous n’avons pas la louange facile même quand tout va bien. Nous oublions les bienfaits de Dieu dans nos vies ou ne les voyons pas.
Et si nous prenions l’habitude de rendre grâce ?
+ P. Aymar de Langautier
