Guetter les lueurs

La Semaine Sainte

Nous arrivons au seuil de la Semaine Sainte avec, chaque année, le sentiment de ne pas avoir fait tous les efforts que nous aurions pu faire pendant le carême ; nous comprenons que notre propre conversion n’est pas achevée. Il est bon de terminer le carême avec un sentiment d’imperfection, car Dieu seul est l’accomplissement parfait. Il est bon d’entrer dans la Semaine Sainte comme un pauvre se sachant capable de tous les reniements et s’en remettant à la miséricorde divine. Le carême nous livre à Dieu, à la grâce puissante de la Pâque du Christ ; c’est bien le sens de la conversion.

Au début de cette Semaine, notre Église diocésaine se retrouvera pour la Messe Chrismale : elle est la célébration qui manifeste le mieux son propre mystère. L’Église, en effet, naît de la croix du Christ, de la grâce sacramentelle qui jaillit du Cœur Transpercé de Jésus.

Puis notre regard et notre cœur se porteront sur le Christ livré, humilié, souffrant, crucifié, enseveli dans le tombeau. Nous méditerons sur la façon dont Dieu affronte le mal : Il le prend sur Lui. Nous contemplerons, dans le Crucifié, la révélation de la gloire divine, c’est-à-dire la manifestation éclatante de l’Amour divin.

Il est bien possible que nous n’ayons pas de hautes pensées ni de belles élévations spirituelles ; nous serons peut-être comme les disciples, assoupis à Gethsémani tandis que Jésus priait dans l’angoisse. Le mystère de la Passion nous dépasse tellement que nous peinons lamentablement. Il est possible que nous prenions la fuite, comme la plupart de ses disciples.

La pensée de nos frères et sœurs souffrants, en Ukraine, et partout dans le monde peut nous aider à tenir quelques instants, dans la nuit du Vendredi Saint, dans le silence du tombeau scellé, guettant avec eux, et avec la Vierge Marie, les lueurs de Pâques.

Bonne Semaine Sainte !

+ Guy de Kerimel
Archevêque de Toulouse