La polémique autour du Collège Stanislas à Paris est tristement révélatrice d’une atmosphère qui dénie à l’Église le droit d’être ce qu’elle est. Cet établissement a été visé non parce qu’il serait élitiste (l’École Alsacienne, établissement privé laïc, dans la même rue, a été épargnée de tout commentaire) mais parce qu’il est catholique. Ses activités pastorales ont été dénoncées. On a fait mine de ne pas considérer la différence entre les activités confessantes (messes, catéchisme, confessions) et non confessantes (cours de culture chrétienne et religieuse, formation à l’affectivité). Les premières relèvent de l’activité cultuelle laissée à la liberté des familles et des élèves tandis que les secondes, adressées à tous, viennent éclairer les intelligences et les cœurs et présentent, en raison, les principes de la vie chrétienne. On suspecte néanmoins l’Église d’abuser les consciences… Pour justifier les attaques, on lui reproche de promouvoir une conception passéiste des relations affectives et de porter des propos homophobes.
Ces attaques sont le signe du fossé grandissant entre la culture contemporaine, auto-référencée, sécularisée et consumériste et l’Église riche d’une anthropologie biblique, porteuse d’une expérience spirituelle et attentive à la croissance des personnes.
Notre foi nous enseigne que nos vies s’enracinent et sont appelées à s’épanouir en Dieu. Pour cela, toute vie humaine est précieuse depuis sa conception jusqu’à sa fin naturelle. L’avortement et l’euthanasie ne peuvent être célébrés comme des libertés quoi qu’en dispose le législateur. Enracinée dans une anthropologie biblique, la différenciation sexuelle n’est pas accessoire mais elle est un donné à recevoir porteur de vie et d’une éthique d’ouverture à la différence. Le couple homme-femme est le premier dépositaire de cette image divine dont Dieu honore l’humanité. La tolérance envers les personnes qui traversent des expériences différentes ne fonde pas une indifférenciation.
Enfin, l’Église s’inscrit dans le temps long des hommes. Elle a l’expérience de la formation des personnes à travers nombre d’institutions d’éducation. L’Église avec des moyens réduits, du bénévolat et forte d’une ambition pour chacun, continue d’offrir un cadre de croissance humaine, intellectuelle et spirituelle à une
large part de la jeunesse car elle est servante de l’homme. Elle est victime de l’envie de ceux qui ont échoué dans leurs illusions et qui souhaitent l’entraîner dans leur faillite pour mieux dissimuler la leur.
Il y a 2000 ans, l’Église naissante a aussi été confrontée à un monde contraire et a dû apprendre à aimer sa différence, à la défendre et à la tenir devant l’hostilité. Ce temps-là semble revenu.
+ P. Vincent Gallois