Voilà la question qu’un catéchumène me posait. Ses parents ne lui avaient pas transmis une religion à laquelle ils ne croyaient pas. Lui-même s’était longtemps passé de religion, jugeant cela sans intérêt pour sa vie. Un jour, un de ses amis l’amena à une messe qui l’ennuya. Ce n’est que plus tard, avec des signes où il ne pouvait pas ne pas reconnaître la grâce de Dieu (dans un mystérieux lien avec cette messe ennuyeuse) qu’il entama son chemin vers le Christ dans l’Église.
Sa question sur le baptême des enfants prend toute sa force et sa saveur. Lui qui découvre Dieu, Jésus, la Bible, l’Église à l’âge adulte, dans la radicale nouveauté de l’Évangile interroge nos habitudes chrétiennes.
L’Église baptise les enfants depuis les temps apostoliques. Dans l’Antiquité, lorsqu’un adulte devenait chrétien toute sa famille et sa maison le suivaient (conjoint, enfants, serviteurs et esclaves). Le baptême des tout-petits s’est généralisé avec le temps de Chrétienté jusqu’à faire disparaître le baptême des adultes sauf en pays de mission. Le parcours d’initiation chrétienne (baptême, 1ere communion, profession de foi et confirmation) est même devenu (à rebours de la pratique initiale et de la théologie de l’Église) la norme se confondant avec les rites de passage.
Baptiser les tout-petits enfants, c’est les inscrire dans une espérance portée par une société devenue chrétienne, la conjugaison de grâce et de l’éducation devant être à même de faire un Chrétien. Nous savons que c’est plus compliqué que cela. La sécularisation massive de la société rend la transmission, hier presque naturelle, aujourd’hui très difficile. Par ailleurs, les sociétés chrétiennes ont souvent perdu en profondeur ce qu’elles ont gagné en extension.
Pour autant, nous sommes témoins de familles chrétiennes où les enfants baptisés tout-petits ont grandi dans un esprit de foi, dans une pratique vivante de la prière et des sacrements, et dans la traduction concrète de la charité chrétienne. Cela est vraiment très beau et devrait être la norme en la matière.
L’afflux des catéchumènes nous provoque à retrouver la nouveauté radicale de l’Évangile, à ne pas laisser se refroidir la ferveur de l’Esprit, à ne pas banaliser les sacrements de l’Église en simples rites sociaux. Ils sont ces perles que le Seigneur nous a confiées, qui doivent être partagées et en même temps protégées. Peut-être, le Seigneur nous envoie-t-il ces catéchumènes pour que nous reprenions conscience du trésor de sa grâce.
P. Vincent+