La rencontre que les Chrétiens sont appelés à pratiquer avec leurs contemporains est ce compagnonnage de la vie mais d’une vie éclairée par le Christ. Ces rencontres sont celles que le quotidien suscite. Depuis que le Verbe éternel en Jésus est venu partager notre vie, l’homme ne peut se détourner de ses frères et le Chrétien porte un regard fraternel sur toutes les réalités humaines. Rien de ce qui est humain ne peut nous être étranger. Cette fraternité est fondée sur le Christ. Nous portons notre attention sur nos contemporains non pour nous distraire de notre ennui ou nous consoler de notre solitude mais parce qu’ils sont nos frères grâce à Dieu. Cette fraternité doit être pure et respectueuse. Le Chrétien ne peut vouloir mettre la main sur l’autre et se retient de toute séduction ou manipulation. Il faudrait qu’un art de la fraternité distingue les Chrétiens.
Cette pastorale de la rencontre prépare et s’élargit dans une pastorale de la visitation. Marie, toute à la joie de porter en elle le Christ, vient rencontrer Elisabeth et se réjouit avec elle de l’œuvre de Dieu, en elles. Le Chrétien n’est lui-même qu’en ayant conscience qu’il porte en lui le Christ et Le rapproche ainsi de ceux qu’il rencontre. Plus encore, le Chrétien sait que celui qu’il porte, sans toujours le savoir, quelque chose du Christ. Lui en parler, c’est Le révéler à lui-même et l’aider à découvrir le Christ venu donner la vie en plénitude. Porter le Christ à nos contemporains s’enracine dans la conscience que seul Jésus peut répondre aux attentes profondes de chaque personne. Seul Jésus sauve.
Par contre, retenir de dire la part du Christ dans notre vie, c’est avoir peur de perdre quelque chose, de la rencontre, dès lors pas si gratuite que cela… Et retenir le Christ pour soi-même est une manière de L’étouffer.
La rencontre que le Chrétien pratique s’accomplit dans l’annonce parce que cette dernière est essentiellement gratuite ou plus exactement gracieuse. L’annonce chrétienne n’est pas un embrigadement. Nous ne pouvons annoncer le Christ que par grâce. L’Église annonce gracieusement Celui qu’elle a reçu gracieusement mais elle ne peut pas ne pas L’annoncer.
Comme l’Église contemple en elle l’œuvre du Christ, la célébration de l’Eucharistie lui permet d’en prendre conscience et de s’en nourrir. Le Chrétien doit lui-même découvrir combien le Christ lui est présent et nécessaire à sa vie pour accueillir la grâce d’en parler. Que cette nouvelle année pastorale nous engage sur les routes de la rencontre et de la visitation de nos contemporains pour la gloire de Dieu et le salut du monde.
+ P. Vincent