Au cœur de la Vigile de Pâques, une flamme est prise pour allumer le Cierge Pascal. Ce Cierge Pascal est bien modeste dans l’immensité de la nuit. Sa flamme sera transmise. Dès la nuit de Pâques, aux fidèles présents, aux baptisés de la nuit Pascale, aux baptisés de l’année, aux jeunes qui font leur profession de foi. Elle allumera aussi une bougie placée sur le cercueil des défunts lors des obsèques.
Cette flamme éclairera la vie, la mort, l’ordinaire et l’extraordinaire de nos existences. Le rite souligne la modestie et la fragilité de cette flamme dans l’immensité de la nuit mais elle devient le symbole de l’espérance des chrétiens. Pourtant, cette petite flamme annonce le plus grand renversement de l’histoire de l’humanité, la victoire de Jésus sur la mort.
Face à nos défis personnels et à ceux de notre époque, la précarité sociale, le changement climatique, la fragilité de la paix, ou plutôt la force de la guerre et de l’esprit de conflit, les chrétiens sont les porteurs de cette formidable espérance.
Dans la mort du Christ, il y a déjà tous ces affronts de l’adversité, tous les échecs, toutes les désertions et toutes les lâchetés qui font le malheur des hommes. La mort du Christ est bien le constat de la faillite de notre humanité. Par sa résurrection, cette mort, et avec elle toutes les faillites associées, toutes les contaminations de la mort, sont désormais vaincues.
Les témoins du Ressuscité ont dit ce renversement opéré par Jésus et ont montré qu’il les avait atteints. Ils ont témoigné de la Résurrection non seulement en parole mais par leur nouvelle manière d’être, parce que cette rencontre les avait transformés ; ils ont commencé à entrer dans le mystère de la Résurrection, ils se sont laissés enflammer par la vie brûlante du Christ ressuscité. Cette flamme de Pâques est le signe modeste de cette œuvre puissante qui commence au cœur de chacun de nous.
Nous n’avons pas à attendre que le monde change. Pour le faire changer, pour répondre aux défis contemporains, pour l’orienter vers la loi d’amour universel, il convient de laisser la flamme pascale nous enflammer d’abord. Les chrétiens sont porteurs d’espérance à la mesure où ils se laissent brûler par le mystère pascal, à la mesure où ayant reconnu leur part dans la faillite de ce monde, ils se laissent façonner par la grâce.
La Résurrection se pratique bien avant la mort physique. Lorsque nous nous donnons et prenons l’initiative de l’amour sans espoir de retour, nous participons à la générosité de la grâce qui ensemence ce monde. Lorsque nous voyons en tout homme un frère à aimer, nous imitons le Christ qui vient à la rencontre de ses contemporains. Lorsque nous pratiquons le pardon et la réconciliation, nous ressuscitons une relation blessée. Chaque fois, nous portons la flamme de l’espérance.
Le Mystère Pascal nous transforme les uns les autres pour que nous portions à notre monde l’espérance du Salut.
+ P. Vincent Gallois