Le Président Macron a annoncé une prochaine loi sur la fin de vie qui nous promet de légaliser l’euthanasie.
Pour gagner l’opinion, ce sont des cas extrêmes de souffrance invincible et de situations inextricables qui seront mis en avant. Certes, ces cas disent le malheur de l’homme qui peut être extrême mais ils ne permettent pas de tirer des considérations générales qui devraient intéresser la loi. Une consultation citoyenne sera proposée pour favoriser un consentement large. On invoquera l’exemple d’autres pays, la compassion, voire même l’humanité la plus élémentaire. Nous ne doutons pas du résultat, la loi passera…
Notre époque veut tout soumettre à la puissance et à la volonté de l’homme.
La technique médicale permet d’agir de plus en plus sur la vie et la mort. On sait empêcher la vie qui vient, on sait souvent renverser le malheur de la stérilité. La puissance de la médecine repousse aussi, et à grand prix, les limites de la maladie et de la mort. Elle va parfois si loin que, de plus en plus souvent, elle nous laisse une vie si dégradée que l’on cherche alors à s’en débarrasser.
Par ailleurs, la pandémie de COVID nous a montré ce paradoxe amer où pour préserver la seule vie biologique des plus fragiles, on a interdit et fait le sacrifice de la vie sociale qui lui donne sens. Un cri douloureux est monté des EHPAD. Privés de visites familiales et amicales, nos anciens sont alors morts de chagrin.
Or mourir, c’est important.
L’homme se distingue par la conscience qu’il a de sa propre mort. Plus encore, il se distingue en accueillant cette heure quand elle arrive. Il y a une grâce de vivre ses dernières heures avec l’intensité de leur caractère unique, de vivre les réconciliations que toute vie appelle et de faire ses adieux. Autrefois, ne priait-on pas Dieu de nous délivrer d’une mort imprévue ? Encore faut-il accepter cette heure. Encore faut-il avoir les mots et la culture et même la spiritualité de l’agonie. Il y a le devoir d’annoncer la proximité de la mort quand la conscience est encore présente. Il y a le droit de refuser ces traitements qui prolongent un reste de vie tout prêt à s’exhaler. Par contre, nous n’avons pas le droit d’aveugler, ni de nous aveugler sur la mort qui vient, pas plus que de la provoquer. Les interdits fondamentaux sont conservateurs d’avenir et promoteurs de joie. Il faudra bien s’interroger sur les causes de la morosité qui nous accable. L’interdit de tuer atteste de l’irrévocable dignité de l’homme. Ne pas tuer les plus fragiles, fut-ce à leur demande, est la condition de la perpétuation de la civilisation comme œuvre humaine. Hélas, demain, en France, on mettra en œuvre le suicide (plus ou moins) assisté. Peut-être l’appellera-t-on Interruption Volontaire de Vieillesse ?
Vincent Gallois +
Curé de Balma