Lettre_MgrSALIEGE

Des nouveaux Saliège ?

Nous connaissons tous la fameuse lettre de Monseigneur Saliège signée le 23 août 1942 « sur la personne humaine » (voir ci-dessous). L’archevêque apprend que le gouvernement de Vichy organise le convoi de nombreux juifs vers les camps de la mort. Aussitôt, Monseigneur Saliège décide d’écrire une lettre pour condamner ces horreurs et demande à tous les curés du diocèse de la lire après leur sermon du dimanche.

Si les communautés juives et catholiques ont décidé de commémorer cette année les 80 ans de cette lettre, c’est pour rappeler que ses mots écrits à Toulouse ont marqué l’Histoire car Monseigneur Saliège est le premier évêque en France à s’indigner et à protester. Sa lettre se répand dans le monde entier comme une traînée de poudre jusque sur les ondes de la BBC…

Ses expressions concises et incisives résonnent encore pour nous aujourd’hui ! En 2022, la dignité de la personne humaine reste toujours menacée, l’antisémitisme resurgit sous de nouvelles formes et le dialogue et la fraternité entre les différentes religions demeurent un bien à protéger et à cultiver. 

Chrétien toulousain et français d’aujourd’hui, tu es l’héritier et le héros de cette lettre ! Tu dois la connaître et la faire connaître, car c’est la foi en Dieu et en l’homme qui inspire cette lettre et qui s’incarne dans les actes.

Que se lèvent aujourd’hui et demain des nouveaux Saliège…

Père Arnaud Franc, Délégué diocésain aux relations religieuses avec le judaïsme

“Et clamor Jerusalem ascendit”
Mes très chers frères,
Il y a une morale chrétienne, il y a une morale humaine qui impose des devoirs et reconnaît des droits. Ces devoirs et ces droits tiennent à la nature de l’homme. Ils viennent de Dieu. On peut les violer. Il n’est au pouvoir d’aucun mortel de les supprimer.
Que des enfants, des femmes, des hommes, des pères et des mères soient traités comme un vil troupeau, que les membres d’une même famille soient séparés les uns des autres et embarqués pour une destination inconnue, il était réservé à notre temps de voir ce triste spectacle.
Pourquoi le droit d’asile dans nos églises n’existe-t-il plus ?
Pourquoi sommes-nous des vaincus ?
Seigneur, ayez pitié de nous.
Notre-Dame, priez pour la France
Dans notre diocèse, des scènes d’épouvante ont eu lieu dans les camps de Noé et de Récébédou. Les juifs sont des hommes, les juives sont des femmes. Les étrangers sont des hommes, les étrangères sont des femmes. Tout n’est pas permis contre eux, contre ces hommes, contre ces femmes, contre ces pères et mères de famille. Ils font partie du genre humain. Ils sont nos frères comme tant d’autres. Un chrétien ne peut l’oublier.
France, patrie bien aimée, France qui porte dans la conscience de tous tes enfants la tradition du respect de la personne humaine. France chevaleresque et généreuse, je n’en doute pas, tu n’es pas responsable de ces horreurs.
Recevez, mes chers frères, l’assurance de mon affectueux dévouement.

Jules-Géraud Saliège, Archevêque de Toulouse
À lire, dimanche prochain, sans commentaire.

Les événements pour marquer les 80 ans de la lettre de Monseigneur Saliège :

1) Dimanche 20 novembre : journée mémorielle officielle avec au programme

  • 10h30 : messe à la cathédrale Saint-Étienne de Toulouse
  • 15h : sur le square Saliège, accueil par Monseigneur de Kerimel, archevêque de Toulouse et Jacques Fredj, Directeur du Mémorial de la Shoah. Lecture de la lettre et discours officiels
  • 16h : dépôt de gerbes et temps de prière
  • 17h : concert judéo-chrétien dans la cathédrale avec la présence d’une chorale juive et d’une chorale catholique

2) Jeudi 24 novembre : journée d’étude organisée par le Mémorial de la Shoah et l’Institut Catholique de Toulouse.